Sculptrices
Depuis plus de vingt ans, Xavier Eeckhout est spécialisé en sculpture animalière du début du XXe siècle Son œil, son travail et ses recherches l’ont conduit à faire le constat que les sculptrices, et plus largement les femmes artistes, étaient méconnues, pour ne pas dire totalement oubliées et trop peu présentes dans les musées et les galeries d’art. Ainsi, depuis plus de quatre ans, il n’a de cesse de chercher et de découvrir des œuvres de ces sculptrices animalières des années 1930, afin de révéler leur existence et leur talent. Jane Poupelet, pour ne citer qu’elle, était très proche de François Pompon, elle a fondé avec lui le groupe des Artistes Animaliers, qui a permis de redonner à la statuaire animalière ses lettres de noblesse et a insufflé une dynamique, une émulation parmi les artistes animaliers de cette période Art Déco ; pourquoi n’a-t-on retenu que le nom de François Pompon et son célèbre Ours blanc ? Dans cette exposition, Xavier Eeckhout nous présente quatre femmes, quatre sculptrices, dont il aimerait qu’on reconnaisse aujourd’hui l’oeuvre.
Josette Hébert–Coëffin (1908 – 1974) sculpteur et médailliste rouennaise, qui fut la première femme française à réaliser les médailles officielles des présidents René Coty et Charles de Gaulle ou de son ami Jean Cocteau. Ses oeuvres animalières sont rarissimes. Les deux têtes de lama présentées dans cette exposition, l’une en grès, l’autre en bronze, sont impressionnantes par leur taille et leur modernité. Leur hiératisme est au service de la simplification et de la géométrisation de la forme.
Puis Madeleine Fabre (active entre 1930 et 1955) dont la sculpture était infiniment avant-gardiste. Elle partageait avec Colette la passion des animaux et notamment celle des bouledogues. L’écrivaine préfaça l’une de ses expositions en 1930, en racontant que son propre bouledogue était tombé en totale admiration devant la sculpture que Xavier Eeckhout présente dans cette exposition, un deuxième exemplaire se trouvant aujourd’hui au Palais de l’Élysée.
Eugénie Shonnard (1886 – 1978) qui travailla aux côtés de Rodin et Bourdelle, passés eux à la postérité et qui fut reconnue par ses pairs dès son premier envoi au Salon en 1911, elle en devint alors sociétaire, et fut encensée par la critique : « Robuste sans lourdeur, sensible, intelligent et mesuré, son art est toujours plein de style et de grandeur. » (Ibidem).
Et enfin Anna Quinquaud (1890 – 1984), probablement la moins méconnue des sculptrices que cette exposition présente : En 1881, elle reçut le prix de sculpture du Salon des Femmes Peintres et Sculpteurs, organisé par l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs (UFPS), fondée par Hélène Bertaux, autre femme importante à qui l’on doit une participation féminine au Prix de Rome à partir de 1903 ; En 1924, Anna Quinquaud fut d’ailleurs lauréate du Grand Prix de Rome, mais elle préféra l’Afrique à la Villa Médicis.
L’exposition, Sculptrices, ne se veut ni exhaustive ni érudite, mais bien avant-gardiste, car il s’agit pour Xavier Eeckhout de donner une impulsion afin que les sculptrices animalières de la première moitié du XXe siècle passent enfin à la postérité.