Jeffrey Conley
Révérence
La photographie de Jeffrey Conley est une ode à la nature. Elle en saisit la beauté dans des lieux et à des moments privilégiés : côte Pacifique et forêts de l’Oregon, Islande, parc du Yosemite, saisis dans la lumière matinale, la brume, sous la neige… circonstances où tout se tait devant l’immuable présence des éléments, de la nature. Le superflu disparaît et laisse place à une contemplation sereine.
Que ce soit dans l’observation de détails, textures de roche, de végétal, ou dans la représentation de paysages grandioses, la photographie de Conley vise simplicité, équilibre, perfection. Expression d’une vénération aussi. En ceci, la musique de Bach en offrirait un équivalent musical. Héritière de la tradition des paysagistes américains, elle a trouvé son propre diapason, tourné vers l’intériorité et le rêve, comme dans ces paysages liquides et mouvants, d’une luminosité brumeuse, habités d’une discrète présence. Le plus souvent c’est la silhouette de Conley lui-même qui donne la mesure du paysage, mettant en scène sa communion avec la nature. Mais, s’il habite certaines de ses images, l’attitude de Jeffrey Conley face à son vaste sujet est plutôt celle d’un retrait admiratif, d’une révérence* qu’il souhaite partager en servant au mieux le sentiment de plénitude et de beauté que lui inspire la nature.
Conley apporte un soin extrême au travail de laboratoire, à la juste restitution des prises de vues. La qualité parfaite de ses tirages au platine, plus qu’une performance technique, est un vrai élément de sa création : cette perfection rejoint la sonorité pure, quasi abstraite, de son offrande musicale à la nature.
*Révérence est le titre du second livre de Jeffrey Conley (Nazraeli Press, 2018)