Les Voies de l’Abstraction
de Kandinsky à Reigl
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L’exposition s’ouvre sur une discrète affiche placée en angle, écrite en cyrillique, avec un titre aisément déchiffrable : 0.10. Il s’agit d’un exemplaire rare de l’affiche de l’exposition pétersbourgeoise qui changea le cours de l’histoire de l’art : Malevitch y dévoilait pour la première fois ses œuvres suprématistes et Tatlin ses contre-reliefs. Ce fut le début de l’un des trois grands moments fondateurs de l’abstraction, incarnés par Malevitch, Kandinsky et Mondrian, selon la théorie de l’historienne de l’art Dora Vallier.
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Cette première vague de l’abstraction est représentée dans l’exposition par deux artistes qui ont posé certains des jalons fondateurs de cette aventure picturale : Ivan Pougny, qui participa à l’exposition 0.10 (et à qui l’on attribue la réalisation de l’affiche), et Vassily Kandinsky. Le premier avec une composition suprématiste de 1916, le second avec une huile de 1928 et une encre de 1930.
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La seconde vague de l’abstraction présentée dans cette exposition – et qui a marqué l’histoire de la galerie en pointillé – est celle de la Seconde École de Paris. Poliakoff, Gilioli et Doucet ont été des habitués des cimaises de la rue Jacob : le premier y tint sa première grande exposition en 1951, le second en 1962 et le troisième en 1960 (la galerie représente la succession de Doucet depuis 2019). Quant à Hantaï, Reigl, Degottex et Bergman, dont les œuvres ne sont venues entrer en harmonie avec les murs d’Auguste Perret que récemment, elles invitent le spectateur à explorer des horizons différents : du minimalisme sensible au formalisme spirituel, en passant par une gestuelle à la signification primordiale.