Design Miami/Paris
27 des plus grandes galeries internationales spécialisées dans le design sont réunies à Saint-Germain, dans le fabuleux Hôtel de Maisons, pour présenter des pièces de mobilier historique et contemporain, des luminaires et des objets d’art, qui participent à retracer l’histoire du design de collection depuis le début du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui. Un récit d’influence et d’innovation relaté par des objets rares et iconiques provenant du monde entier et l’occasion pour certaines galeries d’exposer des créations d’une qualité muséale, signées par les noms les plus influents du XXème siècle.
Parmi les maîtres du design historique, la galerie Chastel-Maréchal (Paris) présente une paire de fauteuils Œuf, modèle iconique de Jean Royère et la console Tour Eiffel, mais aussi des oeuvres de Line Vautrin comme le miroir Boudoir, aux côtés des céramiques de Georges Jouve et André Borderie.
La Galleria Rossella Colombari (Milan) propose de redécouvrir les principes esthétiques de quelques-uns des grands architectes italiens d’après-guerre. En témoigne un rare ensemble de salle à manger et une paire de fauteuils en bois, conçus par Fausto Bontempi dans les années 1960 pour Casa Magini (Brescia, Italie) qui rappellent le style de Frank Lloyd Wright. Mêlant harmonieusement des éléments modernistes au style de Wright en faisant témoignage d’élégance et de fonctionnalité, ces pièces dialogueront avec une unité de stockage conçue par Umberto Nordio, pour un projet résidentiel qui témoigne de son attention méticuleuse aux détails.
Gokelaere & Robinson (Paris) initie un dialogue entre les design scandinave et brésilien emblématiques du XXème siècle. avec des oeuvres de Joaquim Tenreiro, considéré comme le père fondateur du mouvement moderniste brésilien, Une magnifique paire de fauteuils, créés au début des années 1960, est ainsi éclairée par une pièce iconique : un lustre du célèbre designer finlandais Paavo Tynell.
Partageant le stand avec Thomas Fritsch ( Paris), voisin germanopratin spécialisé dans les arts décoratifs et notamment dans la céramique française de l’après-guerre, la galerie Downtown (Paris) dévoile un trésor inconnu au grand public, le bureau «Japon» de forme à la fois minimale et monumentale réalisé par Charlotte Perriand pour le Mémorial «Soumi» à Ichinomya en 1955. Cette pièce apparaît comme une inspiration de son voyage au Japon, dont la forme rappelle la structure des architectures religieuses japonaises, et se distingue des bureaux précédents, comme ceux édités en France par le BCC dès 1946. Ce sera également l’occasion de découvrir le fauteuil «Bridge Directeur» de Jean Prouvé ainsi la colonne lumineuse «Totem» de Serge Mouille.
Moderne Gallery (Philadelphie) présente quelques-unes des plus belles œuvres de l’American Studio Movement. Des meubles et des luminaires de George Nakashima, réalisés entre 1936 et 1990, parmi lesquelles le lampadaire Kent Hall (1965), une élégante structure en noyer avec un abat-jour en papier infusé de fibre de verre, conçu à l’origine pour le Kent Hall de l’Université de Columbia, la table d’appoint Conoid (1970) et l’ensemble de tables gigognes Amoeba (1962), en loupe de chêne anglais, avec des lignes irrégulières rappelant un amiboïde, offre une esthétique plus organique.
La Galerie Jacques Lacoste (Paris) montre bien sûr les pièces intemporelles de Jean Royère, présentées aux côtés d’autres travaux historiques de designers célèbres comme Charlotte Perriand, Alexandre Noll et Diego Giacometti.
La Galerie Patrick Seguin dévoile une sélection de pièces de collection de plusieurs maîtres du design : Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Jean Royère. La Galerie Mitterrand (Paris) présente le bronze Âne Attelé (1989) de François-Xavier Lalanne. Cette pièce spectaculaire a fait partie de la rétrospective Lalanne au château de Versailles en 2021, à l’entrée du monument.
Le Mobilier national, en collaboration avec la société Paulin Paulin Paulin présente l’ensemble de mobilier du Président Mitterrand, designé par Pierre Paulin et entré dans les collections du Mobilier National.
Mais Design Miami/Paris nous fait aussi découvrir les nouvelles narrations du design défendues par certaines galeries, mettant en valeur les artisans et designers du monde entier qui continuent d’innover tant avec les matériaux qu’avec les formes, les lignes et les volumes.
La Galerie kreo (Paris), qui se définit comme un « laboratoire de recherche » dédié à la production de pièces uniques ou en éditions limitées, présente une sélection de ses meilleurs designers contemporains, Marc Newson, Edward Barber & Jay Osgerby et Jaime Hayon.
La Galerie Scène Ouverte (Paris) a fait le choix de montrer la modernité de trois matériaux ancestraux : le marbre, la céramique et la tapisserie, travaillés par les artistes Anna Pesonen, William Coggin, Abel Cárcamo, Saraï Delfendahl, Vincent Dubourg, Julien Cedolin, Hervé Langlais, KRJST Studio et Léa Mestre.
Sarah Myerscough (Londres) offre un aperçu de l’ameublement et des objets artisanaux britanniques et européens, avec un accent particulier sur les innovations dans le travail du bois. Les pièces de qualité muséale attestent de pratiques intelligentes, responsables et vertueuses tout en rendant hommage aux matériaux naturels.
Pierre Marie Giraud (Bruxelles) a choisi une sélection d’objets décoratifs provenant des États-Unis, du Japon et d’Europe, témoignant du langage universel du design et de son pouvoir de franchir les frontières géographiques. Parmi les créateurs qui seront présentés figurent Martin Szekely et Jos Devriendt.
R & Company (New York) présente une sélection de travaux innovants de Rogan Gregory, Roberto Lugo, Katie Stout et Jeff Zimmerman. Ces créations contemporaines seront exposées aux côtés des objets rares de designers iconiques, tels que Wendell Castle et Joaquim Tenreiro, permettant aux visiteurs d’apprécier l’influence du passé sur le présent.
En opérant à l’intersection entre le design contemporain, l’artisanat, l’architecture, les arts visuels et la recherche technologique, Friedman Benda (New York) présente un ensemble de pièces visionnaires de designers : les fauteuils de la Acrostic de Raphael Navot, qui explorent des nuances de texture, forme, palette et matière, sont présentés en dialogue avec une pièce majeure de l’exposition : Plot II, de la récente collection Assemblage 7 de Faye Toogood. Taillé à la main dans du chêne, un matériau à résonance historique, cette pièce rend hommage à la primauté des techniques artisanales traditionnelles de sculpture et marque ses débuts sur le continent européen. Un dialogue tout aussi marquant est initié par Samuel Ross et Daniel Arsham. Exposé pour la première fois au public européen, le récent corpus d’œuvres du designer et architecte séminal italien Andrea Branzi, Roots, explore la tension entre le transformé et le naturel, le gestuel et le méthodique, l’artisanal et l’industriel.