Julien Drach
Roots of Heaven

À travers une série de quinze clichés en noir et blanc, Julien Drach nous invite au cœur d’une poésie silencieuse qui se glisse entre les ruines, capturant la mémoire fragile des vestiges de Pompéi et du Parthénon d’Athènes. Paysages où le temps semble suspendu : l’un raconte une disparition soudaine, l’autre témoigne d’une lente érosion à travers les siècles.


Le titre de l’exposition, inspiré du roman de Romain Gary, s’est imposé naturellement, comme un fil invisible reliant les souvenirs aux pierres, les époques aux émotions. Fruit de la grande complicité artistique entre Julie Blum, directrice de la Galerie Anne-Sophie Duval, et l’artiste Julien Drach, cette exposition reflète leur fascination commune pour le partage et leur approche sensible de la mémoire : « Entre soleil, éclipses et nuages, le ciel méditerranéen capturé par Julien Drach nous plonge dans une atmosphère de temps suspendu. » (Julie Blum). Tous ces clichés, parfois proches de la gravure ou du travail au fusain, explorent, soit à Pompéi, la matière pétrifiée semblant figée à jamais par la catastrophe, soit à Athènes, la pierre qui poursuit un dialogue éternel avec l’Histoire.

Les photographies de Julien Drach sont de véritables poèmes visuels, des dialogues silencieux entre l’homme et les monuments, oscillant entre oubli et permanence, renforcés par le noir et blanc. Ces images naissent d’un travail minutieux mais également d’un jeu avec l’imprévu : les films argentiques et Polaroïd sont numérisés avant d’être tirés en impressions pigmentaires sur papier fine art. Certaines de ces pellicules, altérées par le temps et les manipulations, révèlent des strates d’ombres, des craquelures subtiles et des éclats lumineux inattendus. Ces imperfections accidentelles semblent ainsi devenir le prolongement visuel des bouleversements qui ont marqué ces sites. À Pompéi, des éclats sur la pellicule semblent faire écho aux cendres figées de l’éruption, tandis qu’à Athènes, les traces laissées par la lumière rappellent les fissures du marbre sous le poids des siècles. Finalement, ces altérations involontaires du support créent une texture vibrante, donnant une profondeur quasi onirique à chaque cliché ainsi qu’une charge émotionnelle singulière.

Scénographie de l’exposition Vincent-Emmanuel Rouxel