L’Argent dans l’Art
Depuis le XVe siècle, où les représentations de monnaies métalliques et de scènes de transactions dans la peinture se multiplient, jusqu’au XXe siècle, où une réflexion plus intrusive dans les mécanismes de l’argent apparait, en passant par le XIXe siècle, qui voit son économie de l’art bouleversée par la naissance de l’impressionnisme et le rôle prépondérant du marchand d’art Paul Durand-Ruel, l’imaginaire produit par les artistes à propos de l’argent est riche et permanent.
Source de bonheur pour certains, racine de tous les maux pour d’autres, l’argent fascine les artistes depuis l’Antiquité.
«La relation entre l’art et l’argent ne saurait se réduire à des considérations économiques», souligne Jean-Michel Bouhours, commissaire de l’exposition. Ils «sont porteurs de sens et s’inscrivent dans l’espace social. C’est ce que nous voulons donner à voir»
L’histoire regorge de mythes liés à l’argent et c’est sur celui de Danaé et de la pluie d’or que s’ouvre l’exposition, à travers des pièces d’époques aussi différentes que le «cratère béotien», un vase datant de 430 avant notre ère, ou l’autoportrait choc, «I’ve got it all» de la Britannique Tracey Emin (2000), qui la montre, jambes écartées, amassant pièces et billets.
Dans la plupart des mythes, l’or est sacralisé. C’est à partir de ce métal précieux qu’ont été confectionnées, sous le règne du roi Crésus (vers -630), ce qu’on considère comme les premières pièces de monnaie, les créséides dont l’une est exposée, qui ont donné leur forme circulaire et souvent dorée à leurs héritières.
Le XIXe siècle marque un véritable tournant, avec l’essor du capitalisme financier. Dans le commerce de l’art, ce n’est plus l’esthétique de l’objet qui engendre son achat, mais le désir de le posséder. «La page fiduciaire de l’art s’ouvre», explique l’exposition, qui met en avant de nombreuses représentations d’industriels et marchands d’art. Comme ce portrait de Paul Durand-Ruel, réalisé par Renoir en 1910. Au XXe, accumuler de l’argent peut être un objectif, glorifié ou dénoncé par les artistes,
Dans la dernière salle, les rapports entre art et argent prennent un tour plus virtuel, avec l’arrivée des cryptomonnaies et des NFT. En témoigne la vidéo animée «GOT REKT !» de Jon Rafman (2022), mettant en scène pendant 4 minutes un homme pris au piège dans le marché des cryptomonnaies. Preuve que même dématérialisé, l’argent nourrit toujours autant l’imaginaire collectif.
Quelques cent-cinquante pièces, de Simon Vouet et Louis le Nain à Arman et Warhol, en passant Degas ou Renoir, sont présentées au public dans les salons historiques de l’Hôtel de la Monnaie.