Les arts en France sous Charles VII
Le musée de Cluny met en lumière un moment charnière de l’histoire et de l’histoire de l’art, celui du règne de Charles VII (1422-1461). Chassé de Paris, réfugié à Bourges, le dauphin Charles réussit à reconquérir son trône, puis son royaume occupé par les Anglais.
À partir des années 1420, pendant la guerre de Cent Ans, le royaume de France connaît de profondes mutations politiques et artistiques. Dans le nord du royaume, occupé par les Anglais et les Bourguignons, de multiples foyers artistiques émergent. Quand le dauphin Charles parvient à reconquérir son trône, grâce à Jeanne d’Arc notamment, puis son royaume, les conditions d’un renouveau sont réunies. De grands commanditaires, comme Jacques Cœur, font appel à une nouvelle génération d’artistes. Ces derniers se convertissent au réalisme à la flamande, qualifié d’ars nova, en plein essor notamment avec Jan van Eyck, tandis qu’à travers l’influence italienne, ils s’imprègnent de l’héritage antique développé par des artistes comme Filippo Brunelleschi,
Donatello ou Giovanni Bellini. La création artistique entre en rupture progressive avec le gothique international et se tourne vers une nouvelle vision de la réalité, prémices de la Renaissance. Après une première partie de contextualisation historique, l’exposition montre la diversité des arts dans les principaux foyers géographiques, souvent associés à de grandes figures de
commanditaires. Dans une troisième et dernière section, le parcours autorise une analyse des spécificités de cet art en France, entre ars nova bourguignon et flamand, et innovations italiennes. Un chapitre essentiel est consacré à la Provence et au rôle de René d’Anjou, commanditaire et introducteur de l’art septentrional, en évoquant, entre autres, la figure de l’artiste Barthélemy d’Eyck.
Tout au long de la visite, l’exposition démontre la diversité de la production artistique pendant le règne de Charles VII. Elle rassemble de prestigieux manuscrits enluminés, peintures, sculptures, pièces d’orfèvrerie, vitraux et tapisseries. Des œuvres exceptionnelles y figurent, comme le dais de Charles VII (musée du Louvre), le manuscrit des Grandes Heures de Rohan (Bibliothèque nationale de France) ou le tableau de l’Annonciation d’Aix (Aix-en-Provence) par Barthélémy d’Eyck, peintre
du duc René d’Anjou qui enlumine son Livre des tournois (Bibliothèque nationale de France). Pour la première fois, le triptyque parisien de la Passion et Résurrection du Christ par André d’Ypres est reconstitué dans son intégralité (musée du Louvre, Getty Museum, musée Fabre). Enfin, une section entière est dévolue à Jean Fouquet, l’un des plus grands peintres français du XVe siècle. Enlumineur de génie, il est l’auteur du célèbre portrait peint sur bois de Charles VII (musée du
Louvre), présenté en juste place dans l’exposition.