Robert Couturier
Silhouettes
Sculpteur de la génération d’Alberto Giacometti et de Germaine Richier, Robert Couturier (1905-2008) joue avec les inventions figuratives, avec les silhouettes et les corps. Passe-murailles de l’art, entre vitalisme de la forme et rigueur géométrique, Couturier a donné du souffle à la sculpture, comme Gustav Mahler à la symphonie, Mahler qui associait le moderne à la dissonance, à la rencontre du lyrique et du rondo burlesque. Le décentrement est en sculpture ce qu’est la dissonance à la musique. Couturier est le sculpteur du décentrement.
Pour cette exposition, Claire Maingon et Thierry Dufrêne ont choisi de traiter des silhouettes comme formes emblématiques de l’art de Robert Couturier. « A la Silhouette », ainsi appelait-on les portraits en ombre chinoise tracés puis découpés d’après l’ombre portée d’un visage qui était à la mode à l’époque d’Etienne de Silhouette (1709-1767), ministre des finances et ami des philosophes des Lumières avant que ces derniers ne le dénigrent du fait de sa fonction « réductrice ». L’éphémère ministre s’en amusait en faisant asseoir ses invités près d’un écran de parchemin et en les éclairant avec une lampe pour détourer leur ombre. L’humour et le sens de l’unité de la figure se retrouvent dans les œuvres de Robert Couturier qui n’a pas son pareil pour résumer un corps, une attitude, un couple, en quelques traits essentiels, en une découpe incisive, faisant naître un véritable dessin dans l’espace, une sculpture quasi-bi-dimensionnelle « avec rien en elle qui pèse ou qui pose » (pour reprendre l’art poétique de Verlaine)Robert Couturier, l’un des plus importants sculpteurs de l’après-guerre, au même titre que Giacometti ou Richier, se verra consacrer une importante exposition à la galerie Dina Vierny du 24 mai au 25 juillet. Les commissaires, Thierry Dufrêne et Claire Maingon, éminents spécialistes de la sculpture du XXe, s’intéresseront à l’idée de la silhouette dans son œuvre sculptée.