Thomas Demand
Le bégaiement de l’histoire
Première rétrospective d’envergure en France, l’exposition Thomas Demand. Le bégaiement de l’histoire présente environ 70 œuvres (photographies, films et papiers peints) et couvre les aspects majeurs de l’œuvre de Demand.
À quoi pourrait bien ressembler la peinture d’histoire dans un monde saturé d’images ? À quelque chose comme l’œuvre de Thomas Demand. Depuis plus de vingt-cinq ans, il déploie ses talents de photographe et de sculpteur pour tenter de saisir l’inquiétant bégaiement de l’histoire qui définit la culture contemporaine de l’image.
L’artiste (né en 1964 à Munich) a passé la majeure partie des trois dernières décennies à explorer les imbrications de l’histoire, des images et des formes architectoniques. Dans ses objets photographiques grand format, l’histoire se présente comme un fac-similé, aussi banal que perturbant, d’épisodes médiatiques que l’on ne reconnaît jamais tout à fait. Bien que ses images paraissent représenter le monde réel, on constate, en les examinant de plus près, qu’elles n’entretiennent avec lui qu’un fragile rapport de ressemblance. Il s’agit en vérité de photographies de sculptures éphémères recréant des images que l’artiste a prélevées dans les médias, puis reconstituées en papier et en carton dans le but précis de les photographier.
Après avoir choisi ses images sources, il utilise du papier et du carton de couleur pour reconstituer méticuleusement des espaces réels, en trois dimensions et à la vraie grandeur. Ensuite, il photographie ces maquettes et les détruit, ne laissant donc subsister que leur double ou leur spectre photographique. Le bégaiement de l’histoire réside dans cet étrange écart entre le monde que nous habitons et le monde de papier et de carton que l’artiste recrée dans son atelier.