MAISON GAINSBOURG
Sur le mur, la photographie d’un chou milanais, sorte d’artefact qui rend hommage à L’Homme à la tête de chou de Claude Lalanne, qui inspira Serge Gainsbourg en 1976 pour le titre de son album éponyme. Cette sculpture qui fut toujours un peu son double et que l’on retrouve au centre de sa maison. Le lieu, devenu culte depuis sa mort en 1991, est resté identique, hors du temps, conservé en l’état par Charlotte Gainsbourg, qui depuis longtemps souhaitait en faire un musée.
Au rez de chaussée de cet univers imaginé par Serge Gainsbourg et la décoratrice anglaise Andrée Higgins, qui au fil des ans est entré dans l’imaginaire collectif, on découvre une grande pièce aux murs tendus de noir comme tout le reste de la maison. C’est ici qu’il travaillait, composait, recevait, vivait une grande partie de ses journées et de ses nuits. Tout l’univers du célèbre dandy est là, sous nos yeux : instruments de musique, photographies, manuscrits et oeuvres d’art se côtoient en un savant mélange. Dali ou Klee y dialoguent avec Chopin, Rouget de Lisle ou encore Bardot. Des collections d’objets rares ou insolites accumulées au fil des années. Gainsbourg était collectionneur, mais surtout il conservait tout, et chaque chose, lorsqu’elle avait trouvé sa place, n’en changeait plus.
A l’étage, des portraits des femmes de sa vie : Jane, Brigitte, Catherine, Marylin … des pièces minuscules, surchargées : une bibliothèque de livres rares, d’éditions originales ou de recueils de poésie, l’oeuvre complète de l’esthète Joris-Karl Huysmans. La chambre des poupées, celle de Jane Birkin, et la chambre du compositeur, noire toujours. Dans la salle de bain, le sublime lustre en cristal, mais aussi les parfums de Jane qui n’ont pas bougé, comme s’ils avaient toujours attendu son retour …..
En face, au 14 de la rue de Verneuil, Charlotte Gainsbourg a souhaité créer un musée en hommage à son père : un espace dédié aux expositions permanentes et un autre aux expositions temporaires. Dans le parcours permanent, huit chapitres chronologiques nous plongent dans la vie incroyable du compositeur. 450 objets originaux, emblématiques, des manuscrits, des vêtements ou des bijoux derrière des vitrines, et en regard, des écrans diffusant une sélection d’archives photographiques, cinématographiques, télévisuelles ou radiophoniques dont certaines sont inédites et qui nous rappellent l’immense héritage laissé par l’artiste.
Toujours au 14, un bar, joliment nommé Le Gainsbarre, pas seulement en hommage aux années de déglingue de Serge Gainsbourg, mais aussi à celles, au tout début de sa carrière, où il jouait du piano dans les cabarets de la rive gauche.
Comme l’artiste, Le Gainsbarre vivra lui aussi du petit matin jusqu’au bout de la nuit, offrant déjeuners, diners, mais aussi Afternoon Tea, puis piano bar. De concerts live en projections de films, le lieu devrait évidemment devenir incontournable.