Laurent Maugoust et Cécile Chenais

Rendez-vous dans le Showroom Silvera, boulevard Saint-Germain, avec l’architecte d’intérieur Laurent Maugoust et Cécile Chenais, la Directrice artistique de l’agence, pour le lancement de Laurent Maugoust Editions, une nouvelle collection de mobilier.

Laurent et Cécile, c’est une toute nouvelle aventure pour l’Agence Laurent Maugoust que vous présentez aujourd’hui chez Silvera ?

Laurent Maugoust : Oui, mais c’est aussi dans la logique de notre histoire. Depuis bientôt vingt ans notre agence fait surtout de l’hôtellerie haut de gamme, et pour nos chantiers nous avons toujours dessiné notre mobilier, nos luminaires, nos tapis, qui ont pour certains été ensuite édités. Durant la pandémie on a eu un peu plus de temps pour se poser, échanger et développer une collection de design, ce dont Cécile avait envie depuis très longtemps. On a beaucoup dessiné, et créé Laurent Maugoust Editions dans la foulée ! On se fait plaisir avec des pièces exceptionnelles, on revient à nos premières amours, à des choses intemporelles, des formes inédites et des matériaux luxueux.

Cécile Chenais : C’est vraiment une volonté, dans notre travail, de mettre aussi en valeur des savoir-faire français exceptionnels, qui sont pour nous indissociables du luxe et du style français. Le tapis Alezan, par exemple, nous l’avons créé avec Roxane Bernini chez Galerie B. Il est en laine et soie pour provoquer un effet presque radiant. Je l’ai dessiné en pensant à une toile de Franck Serra, je voulais aussi travailler sur du crin, qui a été tissé par la passementerie Verrier. Le Canapé Nabucco a lui une courbure tout à fait unique, il repose seulement sur l’extrémité des pieds. En fonction des angles il est très différent. On voulait des matériaux qui soient très confortables mais d’aspect plutôt brut, pour celui-ci on a choisi un lin de la Maison Dedar. J’avais aussi envie de faire des sortes de plaids qui soient fixes, comme un vêtement de mobilier. Pour les réaliser on a utilisé du cuir box, qu’on utilise habituellement en maroquinerie, je souhaitais qu’ils retombent sur les accoudoirs comme des chaps d’équitation. Ce qui nous intéresse beaucoup, entre autres choses, c’est d’exploiter la dualité des matières, de créer des associations inédites.

Les fauteuils Wolf et Yoku ont eux des allures très différentes ?

C.C :Le fauteuil Wolf s’appelle ainsi parce qu’il a comme des petites oreilles de loup et l’ironie c’est que je l’ai fait tapisser en laine de mouton ! Le fauteuil Yoku est très différent : l’idée était de s’y sentir comme dans une baignoire japonaise, on est très proches de la méridienne, on peut s’y installer de la manière que l’on veut, y dormir ou même en faire un confident en utilisant deux modules.

Laurent, cette collection de mobilier, c’est vraiment une collaboration entre Cécile et vous ?

L.M : Oui ! Cécile est la Directrice artistique de l’agence depuis dix ans. Nous sommes vraiment complémentaires, on dialogue beaucoup. Cécile a fait l’Ecole du Louvre, de l’ethnologie …. Moi je viens de Camondo, mon univers est plus architectural, mon vocabulaire est plutôt classique, intemporel. Pour cette table basse par exemple, réalisée avec les chutes de marbre de la Table Mantis, je voulais faire une sorte de clin d’œil à la Villa de Mies van der Rohe pour l’Exposition Internationale de Barcelone en 1929. C’est juste un assemblage, rien n’est fixé ni collé. Pour les proportions, je voulais y glisser mes éditions de Pléiades, dont les couleurs rappellent à la fois l’antique et le dix-neuvième !

Elle s’assemble pourtant très bien avec ce petit meuble très contemporain qu’on trouve à l’entrée du showroom ?

C.C : Inspiré par Hygie, déesse de la santé dans la mythologie grecque, Ygy est notre premier luminaire, mais c’est aussi une sorte de petit semainier en forme de totem qui peut avoir de multiples fonctions mais que nous avons notamment imaginé en voulant renouveler les rituels d’accueil : on peut y disposer des gels hydroalcooliques, mais aussi des diffuseurs d’huiles essentielles et plein d’autres choses …  Nous voulions créer un bel objet totalement personnalisable, un objet qui reste mobile et qui, hors contexte, puisse rester utile et esthétique, dans un univers particulier comme dans un lobby d’hôtel.

On a continué notre  gamme de luminaires en travaillant encore sur dualité entre le brut du bois et la brillance de l’aluminium. On avait envie de créer un lampadaire pied déporté car il en existe peu, c’est le lampadaire Maât, que nous avons ensuite décliné en suspension.

Vous présentez cette partie de la collection de Laurent Maugoust Editions chez Silvera durant seulement quinze jours ?

L.M : Oui, Silvera a eu la gentillesse de nous prêter son showroom pour cette présentation en avant-première, mais en septembre, pour la Design Week, nous présenterons l’ensemble de la collection chez Ecart International, rue Jacob. Nous allons continuer à dessiner d’autres pièces, la Collection évoluera au fil du temps. Nous pourrons aussi la décliner en faisant du sur-mesure pour différents projets … Bref l’aventure ne fait que commencer !

crédit photo de Guillaume Grasset

LAURENT MAUGOUST