Noël avec Aline Asmar d’Amman

Un Banquet surréaliste

Les fêtes de fin d’année approchent avec leur lot de joie et d’imaginaire. Le désir de ré-enchanter nos tables et nos intérieurs avec fantaisie et poésie ouvre mille voies à la créativité.

Cette année, j’ai imaginé un banquet surréaliste inspiré de la mythique photo des robes de bal de Charles James par Cecil Beaton, épinglée sur mes mood boards depuis toujours. Les conques que je collectionne en hommage à Beyrouth, ma ville natale méditerranéenne et dont je retrouve le parfum dans les natures mortes des siècles passés, comme celle d’Anne Vallayer-Coster, peintre française virtuose du XVIIIe siècle parfois oubliée, se retrouvent enrobées de taffetas de soie couleur pastel, sur la table comme dans ses tableaux. Des coquillages miniatures en argent ciselé, aux pièces chinées rappelant les promenades sur les plages du Liban, rien ne semble déplacé sur une table surréaliste, éclairée de bougies violine attisant la flamme de souvenirs joyeux. 

Sur ma table transformée en banquet pictural, une composition décadente de soies et de taffetas auxquels je reviens souvent dans le choix d’étoffes pour nos intérieurs, apporte leur esthétique couture et leur pastel théâtral à la mise en scène. Une curation très personnelle d’éléments éclectiques, mêlant argenterie de famille et cristaux choisis, pierres acidulées, conques emprisonnant le bruit des vagues qui me manquent tant, se mêlent à des objets contemporains évoquant esprit et savoir-faire.

Ces derniers mois ont été riches en trouvailles et découvertes singulières à travers mes multiples voyages pour nos projets, inspirant des dialogues artistiques inédits et sans complexes, l’extravagance comme heureux fil conducteur. Le mélange audacieux et opulent sur la table est un clin d’œil à l’esthétique surréaliste née de la rencontre improbable d’éléments uniques, patiemment rassemblés, passionnément découverts, superposant leurs textures, leurs histoires et leurs séduisantes imperfections. Boules de verre peintes à la main, antiquités et pièces vintage, objets d’artistes contemporains, cristaux ciselés et pierres cassées, rubans de velours et fleurs géantes teintées semblent avoir des conversations intimes.

Le scintillement des bougies d’un violet profond ornant les majestueux candélabres en argent ajoute à l’atmosphère fantaisiste et aux textures dramatiques. Dans les assiettes, les fruits exotiques sont assortis de boules de Noël en verre peintes à la main trouvés chez Bloom Paris, à côté d’un rare ensemble vintage de pommes et de bananes patinées d’or et d’argent, une trouvaille merveilleuse chinée au marché d’antiquités de Paul Bert Serpette, chez La Table d’Eva. 

La création contemporaine s’invite au festin visuel avec une collection de pièces uniques de verres de murano, représentant d’adorable visages en relief, par Sam Baron et Massimo Lunardon, trouvés dans le très inspirant pop-up store « Attention, Fragile ! » de Sarah Andelman pour Sotheby’s rue du Faubourg Saint-Honoré. Les grands vases en cristaux et céramique sont des pièces uniques de Lukas Wegwerth de la série cristallisation … et les fleurs teintées de bleus, de rose et de violet proviennent de chez Debeaulieu !

 

Avant de quitter Paris pour les montagnes suisses de l’Engadine où nous nous réunissons chaque année en famille, je savoure chaque instant passé dans la ville lumière, les expositions et les événements – la rue offrant souvent le meilleur des spectacles – savourant cette fantaisie pleine d’entrain.  La quintessence du glamour parisien, couplée aux moments d’effervescence culminante à mon agence d’architecture avant les départs en vacances, m’inspire de nouvelles scènes intérieures. 

Aline Asmar d’Amman est architecte et fondatrice de Culture in Architecture à Paris et Beyrouth. Elle termine actuellement la rénovation du Palazzo Dona Giovanelli à Venise après sept années de travaux, la Villa BelInzaghi au sein de la Villa d’Este sur le lac de Côme, mais aussi un train dans le désert d’Arabie saoudite.